La Fabuleuse NR
La révolution ovale
De retour sur les circuits en 1979, la situation est simple : Honda avait besoin
d'un moteur capable de délivrer au moins 130 ch là où ses meilleurs quatre
cylindres 500 cm3 n'en annonçaient que 85 environ. Il fallait trouver quelque
chose de plus pour permettre à un quatre cylindre d'être compétitif face aux
deux temps qui faisaient la loi à l'époque.
Galvanisés par ce challenge, les ingénieurs choisissent une voie radicalement
nouvelle en concevant la révolutionnaire NR500 dont le moteur V4 se distingue
par des pistons ovales travaillant sur deux bielles. Ce dessin permettait
d'augmenter le nombre de soupapes et, par conséquent, le régime (22 000
tr/min) et l'efficacité.
S'agissant d'une voie nouvelle, inutile de préciser que les problèmes sont
alors innombrables et les impasses légions. Mais le projet NR est malgrés tout
mené à terme, symbolisant une fois encore la philosophie dictée par
Soichiro Honda : "Allez jusqu'au bout de vos idées. Même si elle
échouent, il restera toujours quelque chose d'utile".
L'épopée du piston oblong a commencée
avec la NR 500 en 1979
Équipé d'un cadre monocoque en aluminium tout aussi novateur, l'étrange 500 V4 fait ses débuts lors du GP de Grande Bretagne 1979 avec des résultats loin d'être impressionnants : Mick Grant chute et Takazuni Katayama doit abandonner. Vint ensuite ce douloureux Grand Prix de France durant lequel les NR ne peuvent même pas ce qualifier. Refusant d'admettre sa défaite, contraint par l'obligation de redorer son image, Honda revient en 1980 avec une partie cycle plus conventionnelle qui possède le mérite de laisser les techniciens se concentrer sur le moteur. Mais en dépit de ses efforts, Katayama ne peut réaliser mieux qu'une 12e place lors du dernier GP de la saison. Aussi en 1982, lorsque Honda comprend que même le surdoué Freddie Spencer ne peut faire gagner la NR, le projet est abandonné.
NR500 de 1982
NR500 de 1983
La technologie NR fait toutefois une nouvelle et ultime apparition en compétition lors de la course d'endurance des 24 heures du Mans 1987. Affichant désormais 750 cm3, le V4 signe le deuxieme meilleur temps des essais et anime le début de course avant de devoir abandonner à son tour.
NR750 de 1987
Difficile mais enrichissante, l'expérience
NR se concrétise finalement en 1992 par la production en série de la moto la
plus fabuleuse de tous les temps, la NR750. Véritable vitrine technologique de
la marque, cette machine entre dans le livre des records en 1993 lorsque le
pilote de Grand Prix Loris Capirossi bat plusieurs records du monde de vitesse
à son guidon, dont celui du kilomètre lancé à 299,825 km/h et celui du 10 km
départ arrêté à 283,551 km/h.
Enfin, donnant raison à la maxime de Soichiro Honda, de nombreuses solutions
technologiques développées dans le cadre de ce projet trouvent aujourd'hui une
application sur les machines de série.